Nigrum est un projet né au Mexique, et qui s'est délocalisé en Suède.
Cela fait déjà un bout de temps que je voulais lâcher quelques mots sur cette demo, mais elle s'est fait griller la priorité par celle d'un obscur groupe d'allumés nordiques dont je vais cesser de citer le nom à tout va, avant que ça ne tourne à l'obsession.
Mais il faut bien reconnaitre qu'il y a un lien, pour ne pas dire des similarités troublantes.
Dès les premières mesures, le black metal de Nigrum va tenter de vous happer, notamment par ses lignes de guitares torturées et pour le moins perchées, qu'un certain Reveal! ne renierait pas.
Pour autant, il ne s'agit pas d'un plagiat pur et simple. Il y a de la personnalité propre chez Nigrum, un côté épico-mélodique, limite pagan, qui renvoie vers de toutes autres références.
Et il y a surtout un niveau de composition assez velu. Si la première piste n'a pas eu raison de vous, patientez... et laissez passer ce rituel tribal qui fait office de pont...
Car Ea Quae Sanguinem Bibit (Ceux qui boivent le sang) est la petite perle de cette demo... son riff d'entrée, superbe, ces vocaux possédés, ces structures qui s'emboitent les unes dans les autres comme autant de matriochkas...
En ce qui me concerne, aucun doute: Nigrum est un groupe sur lequel il vaudra mieux garder une oreille à l'avenir.
samedi 27 février 2021
NIGRUM - Cremer Igne
jeudi 25 février 2021
BETHMOORA - Thresholds
Ces derniers temps, je me suis penché sur la scène danoise. Probable séquelle du passage de la tornade Stikkersvin.
Si je connaissais relativement bien la pléthore de formations de qualité œuvrant dans le death, j'avoue volontiers que pour le reste, je pataugeais dans l'ignorance crasse.
En quelques jours d'investigations de cette scène bouillonnante, j'ai pris cher, et mon larfeuille également.
Et parmi des formations toutes plus recommandables les unes que les autres, les amateurs de sludge/doom ont tout intérêt à jeter leurs dévolu sur Bethmoora, si ce n'est pas déjà fait.
Auteurs d'une demo en 2016, et d'un split avec Dorre la même année, Thresholds, sorti en 2020, est leur premier LP. Quatre pistes, dans les 10 minutes ou plus chacune. Rien de paranormal ici.
Mais là où se distingue Bethmoora, c'est qu'il se passe réellement quelque chose dans la progression des morceaux. Quand pas mal d'autres projets dans le ton me paraissent parfois d'un ennui mortel, tant ils prennent un malin plaisir à répéter ad nauseam le même motif, qu'on les croirait atteints de neurasthénie aigüe. Pas de ça ici. On a même droit à quelques accélérations savamment placées, histoire de terrasser ceux qui n'auraient pas déjà sombré, lentement aspirés au fin-fond d'un trou noir des âmes.
Reprenant à son compte un credo déjà observé par un Khanate, ou plus proche, un Cult Of Occult, d'aucuns pourraient regretter que Bethmoora ne propose rien de révolutionnaire.
C'est vrai, mais ce n'est pas mon cas. Parce que c'est joué juste, et relativement finement, eu égard au genre.
mardi 23 février 2021
SOMME - Somme
La bataille de la Somme, 1er juillet - 18 novembre 1916.
Plus d'un million de victimes en comptant blessés, disparus, morts... Un des plus grands abattoirs à ciel ouvert du vingtième siècle.
Un holocauste pour rien, ou pas grand chose... quelques kilomètres grignotés. Rappelons que le but stratégique de cette offensive était de percer le front allemand, et qu'à cet égard, ce fut un échec total.
Pas de vainqueurs, que des vaincus.
À l'instar d'un 50 contre 1 de Sa Meute, bien que musicalement divergent, c'est bien la défaite, le propos de Somme. Une entité derrière laquelle se cache le fameux duo déjà à l’œuvre avec Fallen Forest.
Passé la piste d'intro qui plonge dans le fracas des pilonnages d'artillerie, chaos rampant de l'absurde, c'est une offrande de black metal brut, désabusé, mais superbe... 'pas la gloriole de l'idiot qui s'imagine, chibre empoigné, dressé vers les cieux, que la victoire est au bout du massacre... non... mais la détermination irrévocable de ceux qui ont déjà tout perdu, à commencer par l'espoir, et qui n'attendent que la délivrance ultime. Mais pas à genoux. Non. Debout, une dernière fois.
La victoire est un leurre, et ces finlandais l'ont bien compris.
dimanche 21 février 2021
MIASMIC OOZE - Terrain of Inflamed Pustules
La quantité affolante de bonnes demos et EPs ces dernières années a de quoi donner le tournis. Littéralement: j'ai bien du mal à savoir où donner de la tête.
Je m'attarde cette fois-ci sur Miasmic Ooze, qui nous vient d'Alabama, et qui a sorti son premier effort début janvier.
Difficile de se louper avec un artwork pareil. Death/grind/gore ? Gagné.
Pendant presque 13 minutes, vous aurez droit à tout ce qu'on peut espérer de ce genre de fine dégueulasserie, et même plus.
Groove de goret lobotomisé, riffing vicieux, acide et corrosif, un peu à la manière d'un Pissgrave par moments (assez flagrant avec le riff qui ouvre le morceau Terrain of Inflamed Pustules, ou sur Liquid Congregation), tout ça pendant que la basse grésille dans les bas-fonds, comme il se doit.
Original ? Non, quelle idée !
Mais réalisé avec suffisamment de conviction dans la volonté de pulvériser son prochain, et ça, ça me suffit.
vendredi 19 février 2021
NANSARUNAI - Ultimul Rege
Parmi les sorties de ce début d'année, ce longue durée m'a fait bonne impression.
L'individu derrière Nansarunai -puisqu'il s'agit vraisemblablement d'un "one man band"- nous vient d'Indonésie, pratique un black metal tendance lo-fi, à la fois décharné et majestueux.
Si le timbre de la guitare est chevrotant, hésitant, on ne peut à aucun moment douter de la malignité de ces mélodies, nébuleuses, ensorcelantes, qui insidieusement distillent leur poison, tout en confinant au sublime, comme sur Old Panegeryc Poem, Fallen Dynasty, ou Honorable Death.
Un dépouillement de la forme, mais pas du fond.
Pour autant, ce premier effort ne me semble pas exempt de défauts. Clairement, quelques riffs sont moins réussis, quelques longueurs sont à déplorer... peut-être aurait-il été préférable de se lancer avec un format plus ramassé.
Mais ces petites erreurs, je les pardonne volontiers. Rare sont les premières œuvres exemptes de défauts, et il serait regrettable de passer à côté de ce que ce projet et cet album ont à offrir si ce genre de black metal volontairement mal produit ne vous fait pas instinctivement fuir.
mercredi 17 février 2021
RE-BURIED - Demo
Oui: "encore un nouveau groupe de death metal à l'ancienne !"... 'faut bien le reconnaitre, c'est pas une denrée rare ces dernières années. Mais que je plains ceux qui ne goûtent pas la colossale finesse du genre.
Pour les individus que la chose intéressent, il serait dommage de passer à côté de la demo de ce groupe originaire de Seattle.
Rythmiquement, si vous attendez du blast, vous qui pénétrez céans: abandonnez toute espérance. C'est pas leur créneau. Hormis quelques beats punk bien placés, Re-Buried est plus porté sur du mid et down tempo, tendance rouleau compresseur #BoltThrowerIsTheLaw, ce qui lui permet de développer un des points forts ici: les atmosphères.
Car c'est bien elles qui me font y revenir. Elles ne sont pas dues à l'utilisation opportuniste de samples, mais bien aux riffs et à la façon dont ils sont agencés au sein des morceaux. Du caverneux au sulfureux, le groupe nous malmène, avec un plaisir, simple, mais définitivement vicieux.
Et puis il y a cette prod !! cette réverbe poussiéreuse à souhait... dès les premières secondes de Fleshbag Martyr, ce riff, ce son... l'adhésion est immédiate !
lundi 15 février 2021
SCOWL - Reality After Reality
Si l'artwork semble un peu trop gentillet, si le punk/hardcore de ce groupe originaire de Santa Cruz, Californie, peut paraitre assez classique, en rester à cet examen superficiel serait malheureux.
D'abord parce que les compos sont bien gaulées, incisives, assez west-coast évidemment, avec une touche sombre en filigrane dans le riffing qui me rappelle celui de Rikk Agnew, auquel s'ajoute un côté stomping pas désagréable.
Mais surtout, la grosse plus-value, elle est là, à droite sur cette photo du groupe intégrée à la cover: cette petite nana à l'air timide, qui ne paye pas de mine au premier coup d’œil, se révèle être une chanteuse assez phénoménale dans l’agressivité. C'est simple: j'ai systématiquement l'impression d'entendre un croisement entre John Brannon et Darby Crash, et pas grand chose de la fragilité soit disant féminine.
M'est avis qu'un paquet de frontmen de la scène qui se la jouent "sévèrement burné" vont pouvoir aller se rhabiller fissa.
vendredi 12 février 2021
θoʊθ - Ruins of Gubla
D'entrée, je vais pas être bon vendeur, mais autant le dire de suite: ce truc ne parlera pas à tout le monde, sûr.
La production, entre autre, va en laisser plus d'un sur le carreau.
Et pour tout dire, j'ai bien cru, les premières minutes passées, qu'il n'y avait pas de guitares ici, tellement le spectre sonore se situe pour la plus grosse part sous les 300Hz.
Originaire du Liban, θoʊθ est un groupe plutôt raw donc, particulièrement radical, œuvrant, allez ne soyons pas chiche, dans un genre de desert-death-doom-grind-noise-rock, et plus si affinités.
Au delà des étiquettes, et du fait que je ne pense pas avoir déjà rencontré cet exact mélange dans la palette de mes écoutes (quand bien même des noms viennent à l'esprit, comme ceux de Teitanblood, Nibiru, Electric Wizard...), ce qui me semble primordial, c'est qu'il se dégage de ces 4 titres une ambiance assez phénoménale, tour à tour frénétique, suffocante, ritualiste.
Un sabbat chaotique, où les forces telluriques manifestent on ne peut plus bruyamment leur présence.
mercredi 10 février 2021
BONETAR - Demo
S'il y en a encore qui pensent actuellement que le death UK est mort, voici une preuve supplémentaire de l'ineptie d'une telle idée.
Le macchabée bouge encore, et il me semble même fort bien ragaillardi, à en juger par le nombre de jeunes formations apparues ces dernières années, prêtes à en découdre, à l'instar de Bonetar.
Le son naturel, gras -supplément goudron évidemment-; un batteur qui blast comme un forcené; un growl ultra caverneux, un peu mixé dans les chaussettes, mais qui va bien dans la tonalité générale, c'est à dire trente-six pieds sous terre.
Des riffs un rien débilitants, associés à une sauvagerie de tous les instants, et suffisamment de changements rythmiques pour conserver un minimum de dynamique.
Alors non, une fois de plus, on ne sortira pas plus intelligent après avoir écouté cette demo. Mais c'est franchement pas ce qu'on demande à ce genre de groupe, m'est avis.
lundi 8 février 2021
FALLEN FOREST - Demo I-II
Cette compilation offerte par le duo finlandais derrière Fallen Forest est un pur joyau noir.
Œuvre habitée, s'il en est.
Tout ici est superbe, de ce black metal influencé par la scène norvégienne du tout début 90 (coucou Burzum, Satyricon, Ulver, Mortiis, etc...), à ces interludes médiévaux, passages dungeon synth, agrémentés parfois de samples éminemment immersifs.
La production, relativement raw, permet toutefois de discerner sans trop de difficulté l'ensemble des instruments, tout en ajoutant au côté froid et poussiéreux que dégage naturellement ces compos. Rhaa cette disto hypnotique sur la guitare, cette tempête de neige qui déferle dans les esgourdes, atteignant le cœur, ne laissant que peu de doute sur notre finalité.
Inspiré, et désespéré.
vendredi 5 février 2021
STIKKERSVIN - Kælderens Barn
ATTENTION: TUERIE !!!!
Oui, j'y vais franco dans le préambule racoleur. Un de mes premiers coup de cœur instantané de 2021.
Stikkersvin (composé de membres de Quitters, excellent combo sludge/punk) pratique un black/punk particulièrement frappadingue.
Entre, le chant qui navigue de déclamations pleines d'emphase toute nordique, à des vociférations plus traditionnelles, mais toutes autant hallucinées; les riffs qui s'amusent à brouiller les cartes: enchainements à 3 accords bien rétrogrades et parties épiques jubilatoires, arpèges déchirant -et déchirés-; une basse qui régale discret, le chaos insidieux... Et bien entre tout ça, 'pas certain d'avoir entendu un truc à ce point possédé, grandiloquent autant que décadent, élémentairement fou, depuis... pfff... un certain Maranatha ?
Oui, je m'enflamme peut-être... Et puis ici on est sur une demo. Pourtant il y a de ça... un genre de rejeton illégitime de Reveal! et Funeral Mist, en somme.
Sceptiques ? Attendez d'avoir écouté Kælderens Barn/Jeg Tilgiver Dig Aldrig (littéralement: les enfants du sous-sol/je ne te pardonne jamais), la pire de ces dingueries. Entendez la meilleure. Hurlements de possédé lycanthrope. Structures à tiroir façon "Toi aussi, vit dans la peau d'un aliéné".
Finalement, une seule question se pose: est ce que les autorités danoises sont au courant du nombre de dangereux psychopathes en liberté qui sévissent dans leur contrée ?
mardi 2 février 2021
CULT GRAVES - Strange Customs
Souvent véloce, primitif et sans fioritures, mais salement efficace et inspiré pour du death metal d'australopithèque.
Un gros son naturel, une basse qui racle et fait trembler les murs.
Une belle granulométrie.
Un growl des plus caverneux mais parfaitement distinct.
Des riffs qui tantôt évoquent le chaos et la confusion, tantôt balancent un groove à faire swinguer des brontosaures kétaminés.
De rares accalmies qui ne sont là que pour augmenter le malaise, par des ambiances sulfureuses.
...
Non vraiment, est-ce nécessaire que je poursuive ?