vendredi 28 mai 2021

MOLOK - SKÆR

 


Mon premier réflexe aura été de fuir.
Devant la musique, qui m’apparut comme l'archétype du disque qui devrait porter l’avertissement "à écouter avec deux cachets de paracétamol à portée de main".
Devant cet artwork aussi, assez dégueulasse, mais qui étrangement n'est pas dénué d'un certain magnétisme fascinant.
Comme le contenu.
Je suis d'ordinaire hermétique à ces albums prise-de-tête, mais il y a des exceptions, rares évidemment. Et celui-ci en fait partie.
Lors de ma bafouille concernant Salt, j'avais prévenu qu'il s'agissait d'une œuvre qui ne se digérait pas en une seule écoute. Je pense pouvoir affirmer que celui-ci risque de vous donner encore plus de fil à retordre.
Mais ça en vaut la peine, ô combien !
Épique, possédé, chaotique d'apparence alors que parfaitement réfléchi... de FALD à PEST, on est embarqué, souvent plongé dans les abysses insondables, avant qu'un trait de lumière, sous la forme d'un de ces riffs incroyables, vienne déchirer l'obscurité, et vous projette ailleurs, parfois au bord de l'aveuglement.
J'adore également ces arpèges entortillés, qui tournent, se recroquevillent sur eux-mêmes pour mieux vous retourner le cerveau.
Tout ça servi par des zikoss loin d'être manchots, aux jeux bourrés de feeling, et une production parfaitement équilibrée.
Molok poursuit sa route, hors des sentiers battus.
À mon sens, bien trop méconnus ou sous-estimés, ces fous dangereux viennent de sortir un des albums de l'année, et (presque) personne ne le sait !

mardi 25 mai 2021

BOCC - Santa Eulàlia



Non.
Une fois de plus, on ne décernera pas de prix Nobel à ces quatre zigotos pour les phénoménales avancées artistiques qu'ils nous offrent.
Vous l'aurez deviné à la couverture, c'est bel et bien un death metal crados et régressif à souhait, très légèrement mâtiné de doom, que Bocc joue ici.
La première influence assez évidente de ces jeunes basés à Barcelone, c'est les japonais de Coffins.
Si vous êtes amateurs du genre, vous ne devriez pas détester ces riffs à deux notes et demi, ces parties légèrement plus rythmées façon marche des fiertés des déficients mentaux, et ce groove graveleux de bon aloi.
Le son est relativement puissant tout en restant naturel, comme il sied à ce genre de production extrêmement raffinée.
Et si vous tenez réellement à vous enrichir culturellement, vous pouvez aller vous renseigner sur le martyr de Sainte Eulalie de Barcelone.
On avait vraiment le sens festif en ce temps là.

samedi 22 mai 2021

NATÜRGEIST - Reinvigorated Terror


 

Celui-ci, on le choppe déjà pour sa pochette.
Franchement, non ?  L'invocation des forces occultes, ça le fait toujours mieux le sifflet à l'air, c'est connu.
Et puis tant qu'à faire, on écoute. Avec un esprit moqueur cela va de soi... on écoute... et on prend une baffe, pour ne pas dire une biffle !
On a plus du tout envie de se marrer.
Dès les premières mesures, on est happé par ce black metal séculaire, poussiéreux, obscur, possédé et maléfique... Riffs tortueux et chant semblant venir de l'autre monde... Un cauchemar éveillé.
Vous savez, ces rêves où vous souhaitez fuir, courir, mais votre corps semble paralysé... ou vous voulez crier, mais aucun son ne sort de votre bouche.
C'est un peu tout ça à la fois... Un genre de sidération catatonique.
Morris Kolontyrsky (Spectral Voice, Blood Incantation, Black Curse...) vient, une fois de plus, vous coller son zguègue sur le front, et vous ne pouvez rien faire.
Domination !

mercredi 19 mai 2021

EN LOVE - Love Will Drown The Nest



Envie d'une bonne salve de hardcore à vous faire tomber les chicots ?  Passez-vous donc cet EP d'En Love !
Ce jeune groupe nous vient de l'Ohio, et avait déjà commencé à faire trembler les fondations avec sa première demo de 2018.
Ici, on va vraiment entrer dans la phase de destruction, pour tout raser, définitivement, et avec concision.
Car, plutôt en phase avec la nouvelle vague qui a fortement musclé et radicalisé son jeu en allant piocher des éléments parmi divers courants extrêmes, vous devrez vous attendre à des morceaux courts, abrasifs et vindicatifs.
Sans concessions, aucune.
Le groupe n'hésite pas à user de blasts beats par volées powerviolencesques bien placées. Le chant est mordant, rageur.
La production est rude, puissante mais sans abus outranciers ou frauduleux.
Alors oui, dix minutes, c'est court. C'est un EP de hardcore, quoi.

dimanche 16 mai 2021

INFINITE IMPERMANENCE - Never Ending Cycle Of Death


 

Comme souvent, c'est l'artwork qui attire le chaland, et en l’occurrence, j'ai été immédiatement séduit par ce streum étrange, au regard quasiment affectueux, qu'on croirait tout droit issu d'un vieux Tim Burton.
Infinite Impermanence est un duo international, composé d'un américain (growl/guitare/basse) et d'un brésilien (batterie), et qui offre ici son tout premier effort, au contenu parfaitement conforme à son contenant.
En effet, on trouve ici un death metal vraiment étrange. Barré, biscornu, relativement technique, mais aussi et surtout mélodique, d'une façon glauque, pour le moins. En tout cas, ça donne pas dans la guimauve, c'est sûr.
J'adore ces lignes de gutares lead, parfaitement difformes.
J'avoue sans détour être un peu à court de référence -pour ne pas dire influence- qui pourrait donner une idée toute faite de ce qui vous attend ici. Du coup je ne vous en donnerai pas !
Néanmoins, je ne saurais trop vous encourager à tenter l'expérience. Atmosphère maladive et cauchemardesque garantie.

jeudi 13 mai 2021

INTRINSIC MALEFICENCE - Relapse



Intrinsic Maleficence, quatuor californien qui compte derrière le micro le chanteur/guitariste de Laceration, offre ici trois morceaux ultra-bonnards.
Pour les amateurs de vieux death avec légères influences thrash sous-jacentes, cette demo est même un pur régal !
Et pour une fois, une demo qui sonne comme une demo !  incroyable !
Allez pas imaginez que le son soit brouillon, au contraire. C'est juste que ça sonne un peu aride, mais juste ce qu'il faut... pour le reste chaque instrument est parfaitement lisible, et mention spéciale à cette basse gargouillant, délicieuse !
Riffs acérés et incisifs, groovy à mort... j'irai presque jusqu'à dire funky !
Les gars se réclament eux-même du vieux Cannibal Corpse et de Demolition Hammer... on les contredira pas, mais je ne pense pas interdit d'y entendre d'autres influences à droite, à gauche: sur la fin la première piste Relapse j'entends de gros accents Suffocation, par exemple.
Raaaaah et l'entrée de Rabid !!  ce tapping suivi de ce riff et cette section rythmique au groove porcassin diabolique !!!
Certes, une fois de plus, on ne va pas faire beaucoup avancer la science, mais faudrait être salement bégueule pour bouder son plaisir ici.

lundi 10 mai 2021

TURPITUDE - Brume hiémale



Turpitude est un jeune duo québécois de black metal formé en 2019, ayant sorti une demo la même année. D'un côté le chanteur, de l'autre le multi-instrumentiste qui, lui, compte plusieurs autres projets à son actif (en dépit de son très jeune âge), dont Perihelion Gnosis dans une veine death/doom.
Brume hiémale est le premier longue-durée de cette entité, et il est sorti en mai 2020.
Un album bourré de qualités, qui devrait pouvoir séduire les amateurs des œuvres d'Ifernach, mais aussi de Cénotaphe ou Nécropole.
Car on va y retrouver un goût non feint pour ces mélodies éminemment romantiques, ces arpèges vague-à-l'âme et abandon.
On retrouve également un savoir faire pour placer des breaks suivis de riffs porteurs de lumière, comme c'est le cas à plusieurs reprises sur Entités sans âge enveloppés par le gel, et même dès la première piste passée l'intro, Anciens chênes.
Ces lignes de guitare lead rayonnantes font donc inévitablement partie des réussites. On appréciera aussi le fait que l'on discerne bien la basse; charpente des morceaux, elle poursuit consciencieusement sa trame, mais j'aurais aimé l'entendre plus volubile à vrai dire.
J'ai en revanche un petit doute quand à la batterie. C'est potentiellement une bàr... et si ce n'en est pas une, ça manque cruellement de vie dans le jeu. Ou du moins de personnalité, à mon goût.
Ce qui m'amène en conclusion à penser que Turpitude peut probablement encore mieux faire. Il y a eu une nette évolution entre la demo et ce présent premier album, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a une marge de progression substantielle... peut-être en s'éloignant de ses modèles.
Quoiqu'il en soit, Brume hiémale vaut le coup d'être écouté, et ce duo; suivi.

vendredi 7 mai 2021

CADAVERIC CULT - Spiritual Migration



Cadaveric Cult est un groupe de death/doom qui nous vient du Chili, et dont on ne sait franchement pas grand chose de mieux.
La présente et unique demo comme seule carte de visite. M'est avis que ça devrait être amplement suffisant pour tous les aficionados du genre.
Ici pas de surprises, pas de tromperies sur la marchandise non plus. Production de caveau détrempé, moite et moisi; riffs relativement simples et grouillants dans ces bas-fonds lugubres, et growl abyssal à souhait en guise de maître de cérémonie.
Ceux qui ne goutent le genre qu'à dose homéopathique peuvent se dispenser sans problème de ce genre de demo... mais les gravos accrocs à ces sonorités gouleyantes auront tout intérêt à se pencher sur ces trois titres bien faisandés.


mardi 4 mai 2021

PYRE OF BLACK ROSES - Demo I



Pyre of Black Roses est apparemment un duo composé par les membres uniques et respectifs de Celestial Sword et Coniferous Myst.
L'artwork ne trompe pas, il s'agit de raw black.
Du genre particulièrement envoutant, ensorcelant. Parfaitement dans son jus; noyé de claviers, donc.
Jusque là, rien de paranormal, cette demo respecte les canons fondamentaux de ce genre de bm.
La différence, comme d'habitude, se fait au réel talent de composition. À la qualité de ces riffs, majesté et déchéance, et des ambiances énigmatiques induites par les claviers précités, qui semblent aller et venir, nous englober, puis nous passer au travers. Au dehors, au dedans.
Et il y a l'impalpable, que certains appellent supplément d'âme. Ce qui relève presque d'une "apparition". Hypnotique, et d'une beauté terrible.
Une des demos de cette année, sûr.


samedi 1 mai 2021

GABESTOK - Én gang rådden, altid rådden

 


Le Danemark a du talent, épisode 8523.
J'exagère à peine.
Gabestok est un duo qui a sorti sa première demo en 2015, puis une seconde en 2018. Premier album en 2019, et un EP en 2020.
Et les revoilà avec ce Én gang rådden, altid rådden (Une fois pourri, toujours pourri), orné de cet artwork pour le moins bucolique !
Ces gus-là jouent un genre de garage black/punk assez décadent, mais aussi fun, grandiloquent, avec force de claviers, et surtout, qui se moque pas mal des conventions. On retrouve même des éléments heavy metal de ci, de là, à commencer par ce chant sur la première piste, ultra haut-perché, hommage assez évident à leur King Diamond national.
A l'écoute de cet album, j'ai parfois un peu l'impression d'être monté dans un de ces trains fantôme de fête foraine bon marché, qui, inopinément, aurait déraillé, et aurait ainsi plongé de plus en plus profondément dans une dimension parallèle, un monde des morts à la Beetlejuice... comique donc... mais aussi ce qu'il faut de dérangeant.
Et à vrai dire, plus on s'y enfonce, et moins on a envie de rigoler. Les structures qui étaient au départ éminemment lisibles, presque inoffensives, prennent au fur et à mesure un malin plaisir à vous perdre. La désorientation se fait progressivement, en douceur... quand vous commencerez à vous dire "Bordel !  Bon sang, mais où suis-je ?!", il sera déjà trop tard. Pris au piège.
Inutile de lutter. Acceptez.
Gabestok fait partie de vous, et vous de lui. Vous verrez. Et on y est bien.
S'il vous fallait encore une preuve supplémentaire, qu'au final, la mort est cosy.