jeudi 30 juin 2022

BAT SACRIFICE - Infected Sorcery

 


Bat Sacrifice, sous ses allures toutes rodées, c'est quand même un peu un omni. Si, un peu quand même.
Composé par des vétérans de la scène de Cleveland, Ohio (Fistula, Innoculation, et j'en passe), sorti sur un label orienté death et grind, autant dire tout de suite que le contenu de ce EP balaye bien plus large que ça... et, pour être honnête, ça balaye surtout "à côté", puisque ce que j'entends n'est pas tellement death, ni grind. Ça serait plutôt doom, sludge, hardcore, bien bordélique et noise sur les bords. En gros: z'ont pas franchement l'intention de te faciliter la tâche si tu tiens à tout prix à les faire rentrer dans une case.
Des guitares et des "soli" complètement nawak/anti-guitar-hero qui insufflent un sentiment de chaos et une tension palpable de longue. Une mauvaise humeur permanente... ah 'sont pas amicaux les bougres... et tant mieux !  En particulier, le "chant" qui n'en est pas véritablement un: le gus crache juste sa bile infecte, invective à tout va. Mais alors il le fait rudement bien.
La b.o. idéale pour celles et ceux qui ruminent et ronchonnent face à un monde et une société qui réussit le tour de force d'être chaque jour plus absurde.

mardi 28 juin 2022

MUTANT - The Awakening Conscience



Non, je n'ai pas cessé d'écouter du death. 'pas fou non ?!
Tiens, en veux-tu, en voilà: du death metal à l'ancienne, primordial, sauvage, rugueux, mais aussi riche et très chiadé. Ses ambiances évidemment sulfureuses, les riffs, les tremolos qui s'entremêlent, les bends du malaise (Bewildered Millions), le clavier occasionnel mais qui intervient à point nommé (The Awakening Conscience), la batterie et les rythmiques non-linéaires, et la basse tendue, pas cachée au fond du mix, et puis un growl rêche, plus aboyé que profond, mais parfaitement calibré pour se poser sur ces compositions fétides. Passer à côté de cette formidable demo, comme beaucoup semblent le faire, c'est ni plus ni moins qu'un crime !
Il y a déjà un bout de temps, je me réjouissais d'une renaissance indéniable de la scène de l'autre côté de la Manche. Eh bien, qu'on se le dise: Mutant ne fera pas tâche dans le paysage anglois.

mercredi 22 juin 2022

BOARHAMMER - I: Cutting Wood for Magickal Purposes



Attention !  Ça c'est du furieux black metal, largement heavy sur les bords (au cas où ça ne soit pas assez clair, le truc se termine par une reprise de Mercyful Fate).
Piochant chez les anciens: Venom, Darkthrone, Black Sab', Motörhead, Root (merci toi, tu sais qui tu es !); autant que chez les plus juvéniles Cultes des Ghoules et Funereal Presence, la musique proposée par ce duo teuton se veut occulte, tout en demeurant diaboliquement catchy.
Le chant, partagé entre les deux énergumènes, est varié, terriblement prenant, en un mot: excellent.
Tout sauf linéaire, tout sauf une pale imitation.
Les riffs tournicotent, n'ayant pour unique but que de faire perdre la raison, entrent en possession de nos misérables carcasses, danse hallucinée, sabbat retors pour âmes déjà perdues.
Chié, je n'ose imaginer le second chapitre à venir, mais je l'attend la bave aux lèvres...

vendredi 17 juin 2022

OTRAS - Cintorín Blues

 


Des albums, EPs, ou demos de black/punk, ces dernières années, il en sort treize à la douzaine, presque tous les jours.
Nécessairement, ça peut finir par lasser, surtout s'il n'y a aucune valeur ajoutée. Ce qui, bien entendu, n'est pas le cas d'Otras et de son EP Cintorín Blues, beaucoup plus profond et riche que ce qu'une première écoute superficielle pourra révéler: j'ai pas été loin de le regarder de haut et de me dire: oarff, sympa mais déjà vu (et surtout entendu^^).
Il y a la hargne primaire, l'envie incoercible de tout décheniller, cela va sans dire, contrebalancée par un sens certain de la composition et de la dynamique, incarné par des breaks idéalement placés et des changements de tempi multiples (raaah ces blasts cradingues et impitoyables !); mais aussi, une ambiance noir c'est noir peu commune.
Autres motifs de réjouissance: la basse obèse et over-saturée (elle et la guitare se tirent grave la bourre), et surtout, ce "chanteur" aux cordes vocales délicatement travaillées au papier de verre, qualité gros grain.
La capacité à réunir ultra-violence et un certain genre de raffinement (Oui. Toute proportion gardée, bien entendu) n'est pas donnée à n'importe quels clampins.
Assez flippant cet EP, pour tout dire.

mardi 14 juin 2022

ISS - (Endless Pussyfooting)



En voici du punk qu'il était "frais" !
'fin... façon de parler, puisque cet enregistrement date déjà de 2017... mais on se comprend.
Certainement déjà connu de celles et ceux qui laissent trainer leurs esgourdes du côté schlag, peut-être un peu moins des autres, ISS est un duo formé vraisemblablement en 2012 et basé en Caroline du Nord.
Entrainante, motivante, la musique d'ISS se veut minimaliste et paradoxalement, riche de plein de bidouilles variées. Irrespectueuse, affranchie de la majeure partie des codes qui finissent toujours par tuer, on ne peut pas faire plus keupon.
Maîtres dans l'art de la ligne de basse imparable, détendus du gland, ces dégénérés osent tout, comme la rythmique de (919) SUI-CIDE, détournement outrageux de celle de She's Lost Control (criant sur les premières mesures, si bien qu'à l'aveugle la première fois , j'ai cru à une reprise)
Le chant, ainsi que certains plans me renvoient étrangement vers Mclusky, le groupe de rock indé gallois, que si tu connais pas, vas-y, c'est très cool (en particulier l'album The Difference Between Me and You Is That I'm Not on Fire).
Oh, et pire !!  Les gars samplent Lady Sovereign sur la monumentale Endless Drip !
C'est trop pour moi, je peux pas lutter.

vendredi 10 juin 2022

SKARNTYDE - Flukt fra menneskeligheten



Sorti en fin d'année dernière, ce premier album de Skarntyde (Norvégien pour Ciguë), après m'avoir immédiatement interpellé, est régulièrement revenu dans mes listes de lecture. Il me fallait donc bien en parler un jour, l'autre.
Son élégance, ses multiples renvois à Ulver (celui des débuts, est-il besoin de préciser ?), la fluidité du tout, et ce malgré un côté très versatile, riche, balançant entre assauts francs, sens de la mélodie ciselée très affirmé, passages acoustiques et chœurs profonds, chargés d'émotions... Un esprit pagan nordique indéniable.
Mais au delà de tout ça: c'est simplement "beau". Aussi tarte que paraisse cette assertion.

vendredi 3 juin 2022

VOLE - Dej Bůh Pěstí



Voici du punk psyché dru, déchainé.
Cet album m'évoque un pauvre hère, aviné et vindicatif, véritable marteau-pilon lors de ses phases les plus aigües de Delirium Tremens... et occasionnellement porteur d’une certaine fraicheur, et même légèreté (Slunce). Étrangement.
C'est bien d'ailleurs ce genre de paradoxe qui fait que je m'attarde sur le cas de Vole et pas sur celui d'un milliard d'autres épaves au mal-être dénué de toute nuance, abrutissant.
Le lascar en question, lui, s'est tellement fendu la gueule qu'on entrevoit passer la lumière, furtivement. Les réminiscences éparses de Dead Kennedys (Heavy Metal je mi 13), ou même de Sonic Youth (Tvůj rozsudek je smrt (smrdíš)).
8.6 tiède et chicots qui tombent, demandez le programme !